Dans une longue interview accordée à Corse-Matin, Frédéric Antonetti explique en détails son projet de reprise du Sporting et ses idées pour pérenniser le Sporting au plus haut niveau.
Par expérience, je sais qu’on ne peut pas développer ses idées en ayant des freins partout. A la limite, une personne au-dessus de moi, comme à Lille avec Michel Seydoux, c’est acceptable. Mais quand il y a neuf dirigeants, c’est impossible. Avec eux en plus, on a raté plusieurs rendez-vous. Par exemple, après la finale de la Coupe de la Ligue, j’avais proposé mes services en tant que directeur sportif. Avec une zone d’action qui allait de la formation à l’équipe première. Je n’ai eu aucune réponse.
Je tiens d’ailleurs à préciser que je suis tout seul. Je ne suis envoyé par personne. Ma proposition est simple : je ne suis pas un mécène. Mon objectif, c’est de devenir un actionnaire sportif. […] Je n’ai pas les moyens de devenir un actionnaire qui va injecter des millions d’euros. Tout simplement parce que je ne les ai pas. Que puis-je amener alors ? Mon savoir-faire. Dans ma carrière, j’ai fait débuter plus de 80 joueurs en première division. Les deux derniers s’appellent Terrier et Bissouma à Lille. L’avenir de Bastia ne peut passer que par là. »
« Au Sporting, il faut savoir vendre au juste prix »
« Pour faire une offre de rachat, encore faut-il connaitre la situation financière exacte. Un club de Ligue 1 qui n’a pas de dette a un certain prix. Un club de L1 qui a des dettes a un autre prix, ou pas de prix du tout. Mes principes ont toujours été les mêmes : dépenser ce qu’on a. Pas ce qu’on n’a pas. Et surtout faire en sorte que le club soit financièrement sain. La question fondamentale est la suivante : comment on augmente nos ressources ? Pour pérenniser le club, il faut un budget de 40 millions d’euros. Aujourd’hui, il se situe à 28. Il faut sortir des joueurs tous les ans et surtout arrêter d’être obligé de vendre. Parce que quand on est obligé, on brade. Au Sporting, il faut savoir vendre au juste prix. Le projet se construit sur du long terme.
Je n’ai pas les moyens d’acheter des joueurs mais j’ai les moyens de les vendre au prix fort. Sortir un Khazri ou un Thauvin par an, aller chercher un joueur en Ligue 2, en National ou en CFA par an. Tout ça je peux le faire. Pendant six ans, j’ai fonctionné de la sorte. En prenant Jurietti à Gueugnon pour 3 millions de francs pour le revendre 50 M de francs derrière. En allant chercher Essien au Ghana pour 300 000 € pour le revendre 8 M€. En cherchant Née à Caen pour 5 MF pour le revendre 50 MF. En trouvant Rool à Aix-en-Provence pour un billet de bateau, pour le revendre derrière 25 millions de francs. C’est ça le Sporting pour moi. J’ai fait un audit sportif. En allant voir les U17, les U19, la CFA. J’ai vu six jeunes intéressants qui sont susceptibles d’intégrer le groupe professionnel, selon moi. »
« Mon projet dépend des dirigeants actuels »
« Mon projet dépend des dirigeants actuels. Peut-être que ça ne se fera pas. Moi j’expose mes conditions, s’ils ne veulent pas en discuter, tant pis. Je continuerai à aller au stade et à soutenir l’équipe. Ils ont la possibilité de refuser mon projet. S’ils l’acceptent par contre, une discussion va naturellement s’ouvrir et on fera un audit financier pour savoir où on met les pieds. Et ce qui pourrait m’empêcher de reprendre le Sporting, ça sera l’état des finances. Je n’aurai pas les moyens de rembourser des dettes avec mon argent personnel. Pour moi, ce club est une entreprise publique, une institution même. Est-ce qu’une institution se vend ou est-ce qu’elle se transmet ? »